Gestion des conflits au travail : le rôle crucial du manager

Les conflits font partie intégrante de toute dynamique de groupe, et le monde du travail n’échappe pas à cette réalité. Le conflit au travail n’est donc pas une anomalie, mais une réalité courante. Ce qui fait la différence, c’est la manière dont il est géré. Et c’est là que ton rôle de manager devient central. Un bon manager ne fuit pas les conflits : il les prévient, les comprend, les canalise et en tire du positif.
Nous te proposons un guide pratique et complet pour mieux comprendre les conflits, les anticiper, les gérer efficacement, et surtout, pour renforcer la dynamique de ton équipe.
1. Comprendre les sources des conflits au travail
Avant de parler de solutions, il faut comprendre les racines du problème. Voici les causes les plus fréquentes de conflits :
- Les différences de personnalité : certains sont plus directs, d’autres plus sensibles. Ce qui est perçu comme une remarque neutre par l’un peut être vécu comme une attaque par l’autre.
- Les objectifs contradictoires : quand deux départements ont des priorités différentes, les frictions sont inévitables.
- Le manque de communication : les malentendus, les non-dits, les mails mal interprétés…
- Les injustices perçues : inégalités de traitement, promotions injustifiées…
- Le stress et la pression : sous tension, tout le monde est plus réactif, parfois agressif.
Des signes qui ne trompent pas
Tu dois apprendre à repérer les signaux faibles :
- Un collaborateur qui s’isole
- Une ambiance tendue en réunion
- Des remarques sarcastiques récurrents
- Une baisse de motivation, d’implication ou de performance
- Climat pesant ou rumeurs
Le manager doit rester attentif à ces signes. Être présent sur le terrain, adopter une posture d’écoute et de curiosité, poser des questions ouvertes et s’intéresser sincèrement à la dynamique de groupe est essentiel. Plus tu agis tôt, plus tu limites les dégâts.
Les facteurs qui peuvent aggraver un conflit
- Absence de dialogue
- Leadership faible ou autoritaire
- Pression sur les résultats
- Ambiguïté dans la communication interne
- Sentiment d’iniquité ou de favoritisme
2. Ton rôle de manager : prévenir plutôt que guérir
Développe une culture du dialogue
Un bon manager sait que la prévention commence bien avant l’apparition du conflit. Instaurer un climat de confiance, encourager l’expression des ressentis, pratiquer l’écoute active : autant de leviers pour éviter que les tensions ne s’enveniment.
Clarifie les rôles et les attentes
Les malentendus naissent souvent d’un manque de clarté.
Un flou dans les responsabilités, c’est la porte ouverte à la frustration. Assure-toi que chacun sait ce qu’on attend de lui, avec quels moyens et dans quel délai. Précise aussi qui fait quoi, pour éviter les chevauchements ou les oublis.
Instaure des règles de fonctionnement claires et équitables
Un cadre commun, c’est rassurant et ça évite bien des conflits. Cela peut passer par :
- Une charte de communication (ex : répondre aux mails en 48h, pas de réunions après 18h…)
- Des valeurs partagées (respect, entraide, responsabilité…)
- Des outils communs pour le suivi de projet
3. Quand le conflit est là : comment réagir efficacement
Ne fuis pas le conflit
Le déni est l’ennemi d’une résolution efficace. Ignorer un conflit, c’est lui laisser le champ libre pour s’enraciner et s’aggraver. Le manager doit avoir le courage d’intervenir dès que nécessaire.
Adopte une posture calme et neutre
Pas de panique. Même si l’ambiance est tendue, ton rôle est d’être le point d’ancrage. Ne prends pas parti, ne juge pas. Montre que tu es là pour comprendre et aider, pas pour accuser.
Cela demande :
- De la patience,
- De l’objectivité,
- De l’empathie,
- Une capacité à canaliser les émotions.
Organise un entretien de médiation
- Préparer l’échange : choisir un lieu neutre, fixer une durée, convoquer les bons interlocuteurs.
- Poser le cadre : rappeler les règles de respect, d’écoute et de confidentialité.
- Favoriser l’expression des points de vue : chacun doit pouvoir s’exprimer sans être interrompu.
- Reformuler et clarifier : pour s’assurer que chacun a bien compris l’autre et pour clarifier les malentendis.
- Chercher les besoins derrière les positions : souvent, les gens se braquent sur des solutions, alors qu’ils veulent juste être reconnus, soutenus ou écoutés.
- Trouver un terrain d’entente : identifier les besoins communs, proposer des compromis.
- Acter des engagements : par écrit, définir des actions concrètes, un calendrier, un suivi.
Un livre utile pour apprendre à pratiquer la médiation professionnelle.
Et si le conflit persiste ?
Il peut arriver que la tension soit trop forte, ou que la parole ne suffise pas. Dans ce cas :
- Fais appel à un tiers (RH, médiateur externe)
- Change la configuration de travail temporairement (changer d’équipe, de projet…)
- Propose un accompagnement individuel (coaching, soutien psychologique…)
4. Les outils et techniques à disposition du manager
L’écoute active
C’est plus qu’entendre. Il s’agit d’être vraiment présent : regarder, hocher la tête, reformuler, poser des questions ouvertes. Cela montre à ton interlocuteur que tu le respectes et que tu veux comprendre.
C’est une technique essentielle qui implique :
- La reformulation,
- Le questionnement ouvert,
- La validation des émotions exprimées.
La communication non violente (CNV)
Développée par Marshall Rosenberg, la CNV repose sur quatre étapes :
- Observer sans juger
- Exprimer ses sentiments
- Identifier ses besoins
- Formuler une demande claire
Exemple : « Quand tu interromps mes présentations (1), je me sens dévalorisé (2), j’ai besoin d’être respecté dans mon expression (3), peux-tu attendre la fin avant de réagir ? (4) »
Pour en savoir +, le best-seller de la Communication NonViolente est à retrouver ici.
Le feedback constructif
Bien utilisé, il permet d’aborder des sujets sensibles sans agressivité, en se centrant sur les faits et non sur la personne.
Utilise la méthode DESC :
- Décrire les faits
- Exprimer tes sentiments
- Suggérer une solution
- Conclure positivement
Exemple : « Hier, tu as quitté la réunion sans explication (D). J’ai été surpris et un peu inquiet (E). J’aimerais que tu me préviennes la prochaine fois (S). Je suis sûr qu’on peut mieux se comprendre (C). »
5. Cas pratiques de conflits et réponses managériales
Un conflit générationnel dans l’équipe
Contexte :
Une jeune recrue critique les méthodes « vieillottes » de son collègue senior, qui se sent dévalorisé. Les tensions s’installent, des remarques acerbes fusent en open space.
Intervention du manager :
- Il propose un atelier de partage d’expérience.
- Il valorise les compétences du senior tout en encourageant l’innovation de la nouvelle recrue.
- Il met en place un système de parrainage croisé : chacun mentor l’autre sur un sujet (digital pour l’un, gestion client pour l’autre).
Résultat :
Une relation de respect mutuel s’installe. L’équipe en retire une richesse intergénérationnelle.
Un conflit silencieux dû à un malentendu
Contexte :
Une salariée se sent mise à l’écart depuis une remarque maladroite de son manager en réunion. Elle ne dit rien, mais son implication baisse. Le manager, lui, ne comprend pas son changement d’attitude.
Intervention du manager :
- Lors d’un entretien individuel, il pose des questions ouvertes et perçoit le malaise.
- Il reconnaît sa maladresse, présente ses excuses sincères.
- Il reformule ses attentes et propose un accompagnement pour la remotiver.
Résultat :
La salariée reprend confiance. Leur relation s’améliore, et elle retrouve son niveau d’engagement.
Un conflit d’ego entre deux chefs de projet
Contexte :
Deux chefs de projet se disputent la priorité des ressources d’une même équipe. Chacun veut imposer son agenda, et cela finit par impacter les livrables.
Intervention du manager :
- Il convoque une réunion avec un cadre clair : pas d’accusation, on parle de besoins.
- Il propose un arbitrage objectif basé sur les urgences métiers.
- Il demande aux deux chefs de définir ensemble un planning partagé.
Résultat :
Les tensions retombent. Un outil collaboratif est mis en place, avec un point hebdo commun.
6. Le suivi post-conflit : un point souvent négligé
Évalue l’impact des actions menées
Un conflit résolu ne signifie pas que tout est terminé. Il est nécessaire de faire un point quelques semaines après la résolution :
- Le climat s’est-il amélioré ?
- Les engagements ont-ils été tenus ?
- Faut-il ajuster certaines choses ?
7. Transforme le conflit en opportunité
Capitalise sur l’expérience
Une fois la tempête passée, organise un retour d’expérience. Que peut-on améliorer ? Qu’a-t-on appris ? Cela permet de créer une culture de l’amélioration continue.
Renforce la cohésion d’équipe
Paradoxalement, un conflit bien géré peut renforcer les liens : on se comprend mieux, on se fait plus confiance. Profite de cette période pour organiser des activités de cohésion ou de formation.
Sois un exemple inspirant
En gérant les conflits avec intelligence et humanité, tu montres l’exemple. Ton équipe saura qu’elle peut compter sur toi, même dans les moments difficiles.
8. Former et accompagner les managers à la gestion des conflits
Se faire accompagner
Aucun manager n’a toutes les réponses. Il est sain de :
- S’appuyer sur les RH,
- Consulter un coach ou un psychologue du travail,
- Suivre des formations spécifiques.
Des compétences humaines à développer
Gérer un conflit, cela s’apprend :
- Intelligence émotionnelle
- Maîtrise de la communication interpersonnelle
- Capacité d’analyse des dynamiques de groupe
- Sens de la diplomatie et de l’équité
En résumé, le conflit n’est pas l’ennemi. Mal maîtrisé, il peut faire des ravages. Mais entre les mains d’un manager formé, impliqué et bienveillant, il devient une chance : celle de rétablir la communication, de renforcer les liens et d’améliorer le fonctionnement collectif. Être manager, c’est avant tout être humain parmi les humains, avec la responsabilité d’accompagner les tensions vers des solutions durables. Cela demande du courage, de la méthode, et une volonté constante de progresser. Car derrière chaque conflit se cache une opportunité d’évolution !
Alors la prochaine fois qu’une tension pointe le bout de son nez, respire un bon coup, pose-toi, et demande-toi : « Qu’est-ce que ce conflit me dit de mon équipe, et comment puis-je l’aider à en sortir plus forte ? »
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