L’avenir de l’énergie nucléaire : défis et promesses

Retour sur notre LinkedIn Live avec des experts du secteur 

Le nucléaire fait son grand retour sur la scène énergétique mondiale. Face à l’urgence climatique et aux enjeux de souveraineté, nous avons réuni trois experts pour décrypter les défis et opportunités de cette filière en pleine renaissance : Stéphane Ougier, Directeur Exécutif d’ALTEN, Emmanuel Besse CEO de Worldgrid et Jean-Pierre Burel, Président du groupe régional Alpes de la Société française d’énergie nucléaire (Sfen). 

Pourquoi le nucléaire est-il incontournable ? 

Stéphane Ougier a ouvert le débat en identifiant quatre piliers essentiels. « Quatre points font de l’énergie nucléaire un incontournable pour le futur : une énergie décarbonée, un enjeu de souveraineté, l’économie avec une énergie compétitive, et la stabilité en complément des énergies renouvelables qui sont intermittentes. » La guerre en Ukraine a d’ailleurs rappelé l’importance de cette souveraineté énergétique, l’Allemagne ayant notamment souffert de sa dépendance au gaz russe. 

Trois échelles de temps pour l’industrie 

Jean-Pierre Burel nous rappelle que le secteur fonctionne sur une vision de très long terme : « Nous avons trois échelles de temps à respecter car l’énergie nucléaire doit se faire selon une vision à très long terme. Et quand je dis très long terme, c’est qu’on parle de siècle. » 

Court terme : maintien et renouvellement du parc existant 

    Le programme EPR2 vise à remplacer les réacteurs actuels pour assurer la continuité de la production électrique. Cependant, cette filière accumule de l’uranium appauvri et du plutonium, nécessitant des solutions innovantes. 

    Moyen terme : les SMR et nouveaux réacteurs 

      « On a besoin pour le long terme de réacteurs capables de fournir d’autres applications […] des réacteurs de plus faible puissance. D’où les concepts SMR, qui vont permettre d’avoir plusieurs types de réacteurs très spécifiques pour brûler le combustible appauvri. » 

      Ces Small Modular Reactors (SMR) offrent également la possibilité de produire de la chaleur industrielle, avec une installation plus proche des sites de consommation. 

      Long terme : la fusion nucléaire 

        Pilotée par le projet ITER, la fusion représente l’avenir lointain de l’énergie nucléaire, promettant une source d’énergie quasi-illimitée. 

        Les défis majeurs de la filière 

        Maintenir les compétences 

          Emmanuel Besse souligne : « L‘enjeu premier c’est le maintien en conditions opérationnelles de systèmes qui reposent sur des technologies devenues obsolètes et rares en termes de compétences. » Jean-Pierre Burel ajoute : « C’est plus difficile de recréer de la compétence que de la transmettre. » 

          Maîtriser les coûts et délais 

            L’EPR de Flamanville a nécessité près de deux décennies contre moins de 10 ans auparavant. Emmanuel Besse insiste : « Le défi premier : trouver un temps de construction acceptable économiquement. » La solution passe par une organisation agile, la modélisation numérique (MBSE) et l’automatisation des processus de développement. 

            Les atouts du nucléaire français 

            Souveraineté et emplois 

              Emmanuel Besse : « Les installations sensibles nécessitent une maîtrise par de l’ingénierie et du savoir qui soit national, qui soit local. Les emplois qui sont créés par cette filière bénéficient directement au territoire national et aux ingénieurs qui sont aujourd’hui dans les écoles en France. » 

              Stabilité pour les entreprises 

                Stéphane Ougier souligne un avantage unique : « Le grand avantage de la filière nucléaire, c’est le temps long. On a une capacité d’amortir nos investissements sur des plans de charge beaucoup plus stables. C’est quelque chose de précieux et d’assez rare. » 

                Indépendance énergétique  

                  Jean-Pierre Burel : « Il faut des nouveaux types de réacteurs pour brûler l’uranium et le plutonium, ce qui nous donne des réserves d’énergie énormes. De plus, il y a le thorium qui constitue également un combustible. » 

                  Vaincre la peur du nucléaire

                  L’acceptabilité sociale reste un défi. Stéphane Ougier contextualise, « c’est une énergie complètement décarbonée, mais paradoxalement, du fait des déchets, elle n’a jamais eu véritablement ce label. C’est en train de changer. » Jean-Pierre Burel apporte des faits : « le bilan de Tchernobyl est d’environ 5 000 décès. Ce chiffre est à comparer au nombre de décès dus au tabac en France : plus d’1 million. Le risque nucléaire est réel, mais beaucoup plus faible que les produits chimiques et le tabac. » 

                  Former les talents de demain 

                  Stéphane Ougier explique les initiatives d’ALTEN, « on a créé une académie nucléaire, des plans de formation validés par nos clients. Ça nous demande d’être à la fois société de service et société de formation pour éviter une obsolescence de compétence qui est le pire risque. » 

                  Le replay de ce LinkedIn Live est disponible ici. L’avenir énergétique se construit aujourd’hui, et le nucléaire en est un pilier incontournable. 

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