Des émissions en forte baisse dans le secteur industriel

Depuis 1990, les émissions sectorielles de CO2 de l’industrie (17% des émissions en France) ont chuté de plus de 50%, contribuant de façon essentielle à la dynamique de baisse des émissions nationales. Une bonne nouvelle qui va dans le sens d’une prise de conscience vis-à-vis de l’intrication des sujets environnementaux et de santé.

Le secteur industriel a entamé depuis longtemps sa marche vers la réduction des émissions mais doit tout de même accroître ses efforts afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 à l’échelle française.

Pour accélérer la transition bas carbone des filières, les industriels devront aussi être vigilants sur l’importation de produits à fort  contenu carbone.

« Beaucoup d’entreprises françaises mesurent désormais précisément leur performance environnementale et en font une part intégrante de leur stratégie globale. En voyant loin et en allant même au-delà de la réglementation, elles se dotent d’un sérieux avantage concurrentiel et transforment le risque environnemental en opportunité, au bénéfice de tous » analysait Antoine Frérot, PDG de Véolia, dans une tribune publiée dans L’Opinion en août 2019.

« La mobilisation de l’industrie n’est pas récente, non seulement pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour réduire ses consommations énergétiques, rappelle Stéphane Ougier, Directeur Exécutif ALTEN. Aujourd’hui, ceux qui ne l’ont pas fait n’ont d’ailleurs plus le choix : leurs clients leur font des procès en éthique ». La prise de conscience étant désormais mondiale, « les industriels qui ne s’impliqueraient pas risquent de perdre des marchés avec le développement d’une conscience écologique chez les jeunes générations ». Et ils auront également du mal à recruter les talents de demain, dont les exigences éthiques seront plus affirmées (lire les pages 8 et 9 de la revue ALTEN Eurêka).

 

Améliorer l’efficacité énergétique

L’une des pistes intéressantes pour réduire l’empreinte environnementale se trouve dans le chauffage des bâtiments industriels. Le potentiel d’amélioration de l’efficacité énergétique est significatif : « La facture énergétique peut baisser de 10 à 15 %, voire de 20 à 25 % en cas de cogénération, plus encore si le process lui-même est optimisé », selon Antoine Frérot. On peut ainsi substituer le chauffage à combustible fossile par des pompes à chaleur très haute température pour réduire les émissions. Une mesure à la fois écologique et économiquement rentable.

 

Capter le CO2

Autre voie possible : le captage et le stockage du carbone (ou CCS) des fumées industrielles pour éviter qu’il ne s’échappe dans l’atmosphère, une technologie dont la mise en place est essentielle pour réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre et limiter les risques liés au changement climatique.

Si les transports et l’habitat émettent du CO2 de manière trop diffuse pour qu’il puisse être capté et stocké, c’est en revanche réalisable pour les grandes sources industrielles. Pour l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), aucun des scénarios envisagés pour lutter contre le changement climatique ne pourra se réaliser sans appliquer le CCS à la production d’énergie et à d’autres secteurs industriels.

Mais capter et stocker le dioxyde de carbone à grande échelle implique des investissements de départ considérables et les industriels travaillent actuellement pour réduire ces coûts et simplifier la mise en place des solutions.

 

Relocaliser l’industrie

« La logique de la production à bas coût a fait son temps, estime Stéphane Ougier. Un constructeur automobile a fait les comptes en comparant le coût du même véhicule construit en Slovaquie pour le marché français et construit dans une usine française.

La voiture made in France coûte 500 euros de plus. En revanche l’empreinte carbone liée à sa fabrication et à sa livraison est 10 fois inférieure ! ».

La question de l’intérêt à long terme de telles conditions de production se pose donc désormais avec acuité, tant la complexité logistique et la pollution générée par la délocalisation sont colossales lorsque l’on doit acheminer ses produits à l’autre bout d’un continent, voire du monde.

Fabriquer différentes pièces dans plusieurs pays, puis les assembler dans un autre, avant une livraison du produit final ailleurs : cela n’a plus de sens face à l’urgence climatique.

Le poids de l’empreinte carbone s’alourdit d’autant plus lorsqu’il s’agit de fabriquer dans des pays peu regardants en matière de normes environnementales. Aussi les industriels s’engagent-ils progressivement dans une logique de proximité et de customisation, favorisée par l’industrie 4.0. On livre au plus près du client et selon son besoin. « L’industrie 4.0 rebat les cartes : produire sur place redevient rentable et, petit à petit, l’idée d’une ré-industrialisation des pays occidentaux fait son chemin, constate Stéphane Ougier. Désormais, lorsqu’un industriel déplace sa production à l’étranger, c’est la plupart du temps parce qu’elle s’adresse à un marché local. »

 

Le recyclage du plastique, c’est fantastique


  • Une tonne de plastique recyclé économise 830 litres de pétrole par rapport à la matière vierge.
  • Une bouteille fabriquée en plastique recyclé émet 70 % moins de CO2.
  • À l’échelle mondiale, 8 % des plastiques seulement sont recyclés. L’Europe, bonne élève, est à 25 %.
    Des chiffres prospectifs estiment que porter ce taux à 60 % en 2025 créerait des milliers d’emplois directs et indirects.

 

 

Retrouvez l’intégralité de la 7e édition de la revue ALTEN Eurêka,

consacrée à la place de l’ingénierie dans la stratégie zéro carbone.